Post-PC : quand la maîtrise du hardware change tout

Arnaud de la Grandière |


Il n'y a que 512 tout petits mégas de RAM dans un iPad ou un iPhone 4S. Simple mesquinerie d'Apple ? Non! Maîtrise rigoureuse de la consommation de ses appareils. Et le calcul s'avère largement payant.

Un billet publié sur le blog de Steven Sinofsky, responsable du développement de Windows 8 chez Microsoft, souligne le caractère stratégique de la RAM dans les appareils mobiles :

« Une chose qui pourrait ne pas être évidente, c'est que la réduction de l'utilisation de la mémoire sur des plateformes à faible consommation peut prolonger leur autonomie. Pardon ? Dans n'importe quel PC, la RAM consomme de l'électricité en permanence. Si un OS utilise beaucoup de mémoire, il peut forcer les fabricants d'appareils à leur inclure plus de RAM physique. Plus vous avez de RAM sur la carte mère, plus elle consommera d'énergie, et moins vous aurez d'autonomie. Le fait d'avoir de la RAM additionnelle dans une tablette peut, dans certaines circonstances, ôter des jours entiers de la durée suivant laquelle votre tablette pourra rester sur votre table basse, apparemment éteinte, mais demeurant à jour et prête à l'emploi »

De fait, ces propos éclairent d'une nouvelle lumière le peu de RAM dont l'iPad a toujours été affublé : 256 Mo dans sa première mouture, le double dans l'iPad 2. Un montant indigent pour Windows, et Mac OS X dont une version expurgée anime pourtant la tablette d'Apple.

Si la mémoire vive de l'iPad, de type LPDDR2, est spécifiquement taillée pour les usages mobiles et la consommation la plus faible qui soit (1,2 V), il n'en reste pas moins que c'est le seul composant dont on ne peut couper l'alimentation à aucun moment, car cela aurait pour effet de la vider instantanément et de devoir redémarrer complètement l'appareil au lieu de le maintenir en veille. En somme, la RAM est à la consommation des tablettes ce que la fuite d"eau est à votre tuyauterie : ce ne sont que quelques gouttes, mais sur la durée cela peut représenter une facture astronomique.

Précisément, les plateformes mobiles doivent faire face à l'épineux problème de poursuivre la course à la puissance tout en conservant une consommation raisonnable pour tenir le plus longtemps possible, deux données parfaitement antinomiques. Le moindre watt doit donc être économisé coûte que coûte, et la réponse d'Apple à ce problème démontre les avantages indéniable de sa position. Du fait même de la taille des smartphones et des tablettes, il est impossible d'y intégrer des batteries dignes de celles des ordinateurs portables, c'est donc sur la consommation même des composants et du système qu'il faut œuvrer.

Le multitâche est une illustration de cette problématique : si vous permettez à l'utilisateur d'ouvrir plusieurs applications simultanément, cela ne fera qu'augmenter les besoins en mémoire vive de l'appareil, et donc réduira son autonomie, d'autant plus que chaque application ouverte requiert une partie des cycles du processeur. Sachant qu'Apple maîtrise tout autant le matériel que le logiciel, elle a donc été à même de faire des choix d'architecture qui minimisent l'utilisation de la RAM au strict nécessaire, d'où la prouesse d'un iPad 2 particulièrement réactif malgré ses 512 Mo de RAM.

Cette maîtrise montre également ses atouts à tous les étages : le processeur A5 de l'iPhone 4S a beau n'être cadencé qu'à 800 MHz, cela ne l'empêche pas de tenir la dragée haute au Galaxy S2 de Samsung, qui tourne pourtant à 1,5 GHz.



De fait, les fabricants de téléphones Android se voient contraints de gonfler leurs appareils au maximum, tant en RAM qu'en puissance processeur ou en vidéo, ne serait-ce que pour garantir un peu de compatibilité avec les futures versions d'Android dont ils ne maîtrisent que peu la feuille de route, contrairement à Apple et iOS. L'ère du Post-PC ne se résume donc pas à de nouveaux modes d'utilisation, mais également à une nouvelle façon d'aborder la conception et la fabrication de ces appareils. Si techniquement rien ne différencie vraiment un ordinateur d'une tablette, dans les faits les choses sont tout de même très différentes : les systèmes-sur-puce intègrent dans un seul composant le processeur, les divers bus, l'accélération graphique, la RAM, autant d'éléments séparés (et interchangeables) sur une carte mère d'ordinateur classique. De même, la mémoire de masse est systématiquement un SSD sur plateformes mobiles, alors que le disque magnétique reste encore le standard sur leurs aînés.

De fait ces efforts bénéficient également aux "camions" de l'informatique, puisque Mac OS X et Windows ne cessent de gagner en sobriété, l'un depuis Snow Leopard, et l'autre depuis Vista. Un drôle de retournement de situation alors que l'industrie de l'informatique s'est toujours caractérisée par une politique du "toujours plus".

L'effet de bord de cette sobriété de l'iPhone a également des conséquences sur la marge brute et les économies d'échelle auxquelles Apple peut prétendre : en vendant l'iPhone au même tarif que ses concurrents, alors qu'il est équipé de composants moins coûteux puisque, sur le papier du moins, moins performants, Apple réalise une marge plus confortable que ses concurrents. En multipliant cet effet par les millions d'exemplaires vendus, c'est tout bénéfice pour Apple : ses appareils ont une meilleure longévité, ils sont plus performants, ils lui coûtent moins cher à fabriquer, et lui rapportent plus à la vente.

En regard de ces problématiques, on ne mesure que d'autant plus l'ineptie des tablettes qui tournent sur Windows 7, et qui vont jusqu'à gaspiller de précieux watts pour le seul ventilateur qui compense la dissipation thermique des processeurs d'Intel, eux-mêmes faisant figure de véritables soiffards en comparaison de la sobriété des processeurs ARM. Cette problématique au moins sera réglée pour Microsoft dès lors que la version ARM de Windows 8 sera disponible, mais elle posera toujours l'épineux problème de l'utilisation de la mémoire vive. Microsoft a beau faire de considérables efforts pour minimiser la consommation en mémoire de son système d'exploitation, le seul fait de permettre le multitâche tel qu'il a toujours existé sur ordinateur aura quelques conséquences sur les tablettes qui tourneront sur son futur OS.
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avatar shenmue | 
@Lukasmar:"là tous le monde sera d'accord que d’éviter de zoomer, c'est plus pratique." L'écran du Samsung n'est pas suffisament grand pour t'exonérer d'avoir à zoomer. Question désinformation, heureusement que t'es payé par la concurrence pour débiter tes âneries.
avatar shenmue | 
@Lemmings:"Maps par exemple, est ultra basique. Quand on compare à la version Android, toute en vectorielle, avec cache hors ligne, affichage 3D des bâtiments, rotations de la carte, zoom fluide et adaptatif... Et j'en passe" ! Et inversement, la synth!se vocale d'android est à chier, et il se fait maintenant rétamer en vitesse de surf. Le système de notif du 4S est aussi bien mieux pensé que le foutoir d'android... Tu ne veux voir que la paille dans l'oeil d'iOS mais je te ramène la poutre qui est dans celle d'android si tu veux !
avatar jacques_dh | 
Merci pour ce papier, tout-à-fait intéressant !
avatar shenmue | 
@Lemmings:""640K ought to be enough for anybody" Bon, depuis il assume avoir dit une connerie :)" Tu joues à l'idiot, mais la vérité c'est qu'Android est très mal optimisé comparativement à iOs, point barre, et que ça n'a jamais été une qualité, Billou ou pas.
avatar Lemmings | 
@xx-os : es-tu obligé d'être méprisant quand tu réponds à des gens ? Les boutons d'Android sont loin d'être crétins, qu'ils soient mécaniques (rares ! Même mon N1 qui a presque 2 ans a des boutons sensitifs), ou tactiles ne change rien, ils sont une réelle avancée ergonomique comparé à iOS. C'est peut être le plus gros défaut ergonomique d'iOS ce bouton unique. On lui fait faire de plus en plus de choses (multitâche, siri, home, recherche...) et donc il fatigue et surtout devient plus complexe à utiliser. Les boutons "retours" des applications sont placés au petit bonheur la chance selon la volonté des designers des applications. Même si la grande majorité respectent la guideline Apple avec un bouton retour en haut à droite dans la barre de navigation, c'est pas toujours le cas. Enfin ce bouton "retour" applicatif ne permet pas d'avoir une navigation d'une application à l'autre, chose extrêmement pratique côté Android. Pour le reste je suis d'accord avec toi, tout le monde ne souhaite pas un écran de 5", et heureusement. Après, 3,5 ça parait quand même petit comparé au marché, mais c'est un choix.
avatar shenmue | 
@Mac-Os:"Quand on rédige un article (ou commentaire) qui va à l'encontre des préjugés, mieux vaut faire attention à absolument tout ce qu'on y écrit, dans le moindre détail. En effet, quand les gens n'ont pas d'argument sur le fond, ils se précipitent sur la moindre faille ou faiblesse de l'article, fût-elle anodine ou mineure par rapport à l'ensemble du message. Il semblerait que la faille ici soit la vidéo (que je n'ai pas visionnée, étant au boulot). Et comme par hasard, c'est sur celle-ci qu'ils ce concentrent." +1000 Et Mouillard, Lemmings et Luksmar font un concours à qui arrivera à sortir le plus de deggitudes au sujet de l'iPhone 4S pour pouvoir plomber l'article qui ne dit pourtant que des choses d'évidence... Palme à Lukasmar et son design "trop vieux" de l'iphone 4...des comme ça, on en veut encore...

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