Android, Windows Mobile, et les autres
Alors que Google vient de dévoiler le SDK de la version 2.0 de son système d'exploitation mobile, l'avenir semble plutôt radieux pour la plateforme alternative.
Ainsi, une étude récente du cabinet Gartner créditait Android de 14,5% de parts de marché à l'horizon 2012, derrière Symbian (à 39%), mais devant Apple (13,7%), Windows Mobile (12,8%) et RIM (12,5%). On ne peut que rester béat d'admiration devant pareille clairvoyance : bien malin qui peut prédire à quoi ressemblera le paysage de la téléphonie mobile en 2012, d'autant plus quand on voit à quel point il peut être bouleversé en un rien de temps, comme l'a amplement démontré l'iPhone lorsqu'il est arrivé sur le marché. En trois ans, on peut s'attendre à bien des nouveautés et bien des bouleversements, de nouvelles utilisations qui apparaîtront, sans parler des technologies comme la 4G. Il semble pour l'heure que l'étude soit en passe d'avoir raison sur au moins un point : la part de marché d'Apple se rapproche peu à peu de celle de RIM (voir notre article L'iPhone en passe de rattraper le BlackBerry).
Cependant, pour les constructeurs, Android ne manque pas d'atouts entre les différentes solutions qui s'offrent à eux : Symbian semble dans une impasse alors que même Nokia s'en détourne pour ses smartphones, et Windows Mobile fait preuve d'une inertie déroutante, tandis que Palm n'est pas encore tirée d'affaire. Sachant qu'Apple et RIM font cavaliers seuls, Android est donc une alternative séduisante, et nul doute que les téléphones l'exploitant vont augmenter en nombre. De là à dire que ceux-ci auront les faveurs du public, quand bien même l'offre serait plus riche du côté de Google, le calcul est moins mathématique qu'il n'y paraît.
S'il est bien une chose que l'iPhone a profondément changée dans le paysage, c'est qu'avant lui les opérateurs menaient la danse, et qu'aujourd'hui ce sont les constructeurs qui ont la main : les offres et abonnements se plient aux fonctionnalités des appareils quand c'était autrefois l'inverse. Cette nouvelle donne a suscité une multiplication des fonctionnalités et des utilisations des mobiles, dont celle de la téléphonie n'est plus en elle-même qu'un des nombreux aspects.
Si Android n'a attiré qu'une tiède réception lors de sa sortie sur le HTC G1, il a depuis fourbi ses armes et propose plus de fonctions avec la version 2.0. Mais pour le moment, Android se contente, comme les autres concurrents d'Apple, de rattraper son retard, avec par exemple le support d'Exchange, ou encore un support du multitouch semi-officiel. L'iPhone reste et demeure en la matière le mètre étalon : dans tous les articles, on ne parle que rarement de ses concurrents sans évoquer l'appareil d'Apple. En cela, la firme de Cupertino a gagné un avantage psychologique décisif : elle donne le "la", et tous les autres se mettent au diapason. Difficile de dire si cet état de grâce se poursuivra sur la durée, mais en l'état du moins, c'est Apple qui a la haute main sur l'état de l'art. Et elle ne s'est pas cachée d'avoir cet objectif pour seule ambition, à la sortie de l'iPhone, en visant le petit pour-cent de part de marché après un an de commercialisation (voir notre article L'iPhone tient 2,5 % du marché des téléphones).
On mesure bien l'état d'esprit du consommateur concernant les smartphones en regardant certaines études : d'après une étude de ChangeWave, les intentions d'achat sur trois mois donnent l'iPhone comme largement favori, mais dans les faits bien des consommateurs se rabattent sur des produits concurrents, pour des questions de prix ou d'engagement auprès d'un opérateur. Bref, l'iPhone est l'appareil qui sait le mieux susciter le désir, même s'il n'est pas celui qui a les faveurs du public au moment de l'achat. Pour ceux qui ont fait le pas, en revanche, ils affichent une satisfaction bien au-delà de celle que rapportent les utilisateurs des autres marques : toujours d'après la même étude, en septembre, 74% pour l'iPhone, bon premier devant RIM avec seulement 43%. Là aussi l'effet bouche-à-oreille est en faveur d'Apple.
Les intentions d'achat des consommateurs…
…et leurs achats effectifs
Apple a eu pour habitude de dire, lorsqu'on lui faisait valoir la faible part de marché du Macintosh, qu'elle préférait être le BMW de l'informatique plutôt que Toyota. Il est vrai que par bien des aspects, c'est une situation plus confortable et plus gratifiante : on réalise des produits admirés, et plus rentables. Les effets se sont d'ailleurs fait sentir sur les résultats financiers d'Apple, qui pèse aujourd'hui plus lourd que HP en bourse, pourtant premier constructeur informatique mondial.
Cependant, Apple n'est pas à l'abri d'un succès qui dépasse ses attentes, un peu à la manière de ce qu'elle a vécu avec l'iPod. Partie d'un modèle unique, elle a su diversifier son offre une fois une certaine masse critique atteinte, et cette diversification serait d'autant plus cruciale dans le domaine du téléphone qui revêt un aspect hautement identitaire. Avec la multitude d'applications disponibles, on personnalise son téléphone à outrance, et plus que jamais on peut dire "montre moi ton téléphone, je te dirai qui tu es". Certes, Apple ne cracherait certainement pas sur des ventes dépassant toutes les attentes, et elle a de nombreuses cartes en main qui pourraient bien aboutir vers un tel scénario. La capacité de piloter des périphériques, apportée par iPhone OS 3.0, pourrait par exemple mettre l'iPhone au cœur d'un écosystème qu'il sera difficile d'égaler pour ses concurrents, soutenu en cela par un iPod touch dont le succès est également notable.
Quoi qu'il en soit, Apple a bénéficié d'une telle avance technologique sur la concurrence qu'elle s'est offert le luxe d'annoncer son nouveau modèle de téléphone à date fixe, lors du rendez-vous annuel de la WWDC, l'effet de surprise étant pourtant un élément stratégique prépondérant dans le domaine des nouvelles technologies. Celui-ci ne repose plus que sur les fonctionnalités de son appareil, et non sur le moment où celles-ci sont dévoilées. La concurrence est à la peine, les "iPhone-killers" se succédant les uns aux autres sans jamais vraiment prendre l'avantage sur le téléphone d'Apple : bien qu'on commence à voir des appareils concurrents dignes d'intérêt, tous ne se positionnent que par rapport à l'iPhone, sans jamais se démarquer de manière indépendante. Nokia ne promet de multitouch que pour l'année prochaine (trois ans après le premier iPhone!), son support sur Android ne dépendra que de la témérité des constructeurs eux-mêmes plutôt que de Google (cette dernière leur laissant l'initiative d'aller au front contre Apple sans implémenter la fonction elle-même), bref, malgré des avancées notables Apple continue de tenir la dragée haute à ses concurrents. Et avant la part de marché, c'est surtout sur ce point qu'Apple veut rester le fer de lance.
Ainsi, une étude récente du cabinet Gartner créditait Android de 14,5% de parts de marché à l'horizon 2012, derrière Symbian (à 39%), mais devant Apple (13,7%), Windows Mobile (12,8%) et RIM (12,5%). On ne peut que rester béat d'admiration devant pareille clairvoyance : bien malin qui peut prédire à quoi ressemblera le paysage de la téléphonie mobile en 2012, d'autant plus quand on voit à quel point il peut être bouleversé en un rien de temps, comme l'a amplement démontré l'iPhone lorsqu'il est arrivé sur le marché. En trois ans, on peut s'attendre à bien des nouveautés et bien des bouleversements, de nouvelles utilisations qui apparaîtront, sans parler des technologies comme la 4G. Il semble pour l'heure que l'étude soit en passe d'avoir raison sur au moins un point : la part de marché d'Apple se rapproche peu à peu de celle de RIM
Cependant, pour les constructeurs, Android ne manque pas d'atouts entre les différentes solutions qui s'offrent à eux : Symbian semble dans une impasse alors que même Nokia s'en détourne pour ses smartphones, et Windows Mobile fait preuve d'une inertie déroutante, tandis que Palm n'est pas encore tirée d'affaire. Sachant qu'Apple et RIM font cavaliers seuls, Android est donc une alternative séduisante, et nul doute que les téléphones l'exploitant vont augmenter en nombre. De là à dire que ceux-ci auront les faveurs du public, quand bien même l'offre serait plus riche du côté de Google, le calcul est moins mathématique qu'il n'y paraît.
S'il est bien une chose que l'iPhone a profondément changée dans le paysage, c'est qu'avant lui les opérateurs menaient la danse, et qu'aujourd'hui ce sont les constructeurs qui ont la main : les offres et abonnements se plient aux fonctionnalités des appareils quand c'était autrefois l'inverse. Cette nouvelle donne a suscité une multiplication des fonctionnalités et des utilisations des mobiles, dont celle de la téléphonie n'est plus en elle-même qu'un des nombreux aspects.
Si Android n'a attiré qu'une tiède réception lors de sa sortie sur le HTC G1, il a depuis fourbi ses armes et propose plus de fonctions avec la version 2.0. Mais pour le moment, Android se contente, comme les autres concurrents d'Apple, de rattraper son retard, avec par exemple le support d'Exchange, ou encore un support du multitouch semi-officiel. L'iPhone reste et demeure en la matière le mètre étalon : dans tous les articles, on ne parle que rarement de ses concurrents sans évoquer l'appareil d'Apple. En cela, la firme de Cupertino a gagné un avantage psychologique décisif : elle donne le "la", et tous les autres se mettent au diapason. Difficile de dire si cet état de grâce se poursuivra sur la durée, mais en l'état du moins, c'est Apple qui a la haute main sur l'état de l'art. Et elle ne s'est pas cachée d'avoir cet objectif pour seule ambition, à la sortie de l'iPhone, en visant le petit pour-cent de part de marché après un an de commercialisation (voir notre article L'iPhone tient 2,5 % du marché des téléphones).
On mesure bien l'état d'esprit du consommateur concernant les smartphones en regardant certaines études : d'après une étude de ChangeWave, les intentions d'achat sur trois mois donnent l'iPhone comme largement favori, mais dans les faits bien des consommateurs se rabattent sur des produits concurrents, pour des questions de prix ou d'engagement auprès d'un opérateur. Bref, l'iPhone est l'appareil qui sait le mieux susciter le désir, même s'il n'est pas celui qui a les faveurs du public au moment de l'achat. Pour ceux qui ont fait le pas, en revanche, ils affichent une satisfaction bien au-delà de celle que rapportent les utilisateurs des autres marques : toujours d'après la même étude, en septembre, 74% pour l'iPhone, bon premier devant RIM avec seulement 43%. Là aussi l'effet bouche-à-oreille est en faveur d'Apple.
Les intentions d'achat des consommateurs…
…et leurs achats effectifs
Apple a eu pour habitude de dire, lorsqu'on lui faisait valoir la faible part de marché du Macintosh, qu'elle préférait être le BMW de l'informatique plutôt que Toyota. Il est vrai que par bien des aspects, c'est une situation plus confortable et plus gratifiante : on réalise des produits admirés, et plus rentables. Les effets se sont d'ailleurs fait sentir sur les résultats financiers d'Apple, qui pèse aujourd'hui plus lourd que HP en bourse, pourtant premier constructeur informatique mondial.
Cependant, Apple n'est pas à l'abri d'un succès qui dépasse ses attentes, un peu à la manière de ce qu'elle a vécu avec l'iPod. Partie d'un modèle unique, elle a su diversifier son offre une fois une certaine masse critique atteinte, et cette diversification serait d'autant plus cruciale dans le domaine du téléphone qui revêt un aspect hautement identitaire. Avec la multitude d'applications disponibles, on personnalise son téléphone à outrance, et plus que jamais on peut dire "montre moi ton téléphone, je te dirai qui tu es". Certes, Apple ne cracherait certainement pas sur des ventes dépassant toutes les attentes, et elle a de nombreuses cartes en main qui pourraient bien aboutir vers un tel scénario. La capacité de piloter des périphériques, apportée par iPhone OS 3.0, pourrait par exemple mettre l'iPhone au cœur d'un écosystème qu'il sera difficile d'égaler pour ses concurrents, soutenu en cela par un iPod touch dont le succès est également notable.
Quoi qu'il en soit, Apple a bénéficié d'une telle avance technologique sur la concurrence qu'elle s'est offert le luxe d'annoncer son nouveau modèle de téléphone à date fixe, lors du rendez-vous annuel de la WWDC, l'effet de surprise étant pourtant un élément stratégique prépondérant dans le domaine des nouvelles technologies. Celui-ci ne repose plus que sur les fonctionnalités de son appareil, et non sur le moment où celles-ci sont dévoilées. La concurrence est à la peine, les "iPhone-killers" se succédant les uns aux autres sans jamais vraiment prendre l'avantage sur le téléphone d'Apple : bien qu'on commence à voir des appareils concurrents dignes d'intérêt, tous ne se positionnent que par rapport à l'iPhone, sans jamais se démarquer de manière indépendante. Nokia ne promet de multitouch que pour l'année prochaine (trois ans après le premier iPhone!), son support sur Android ne dépendra que de la témérité des constructeurs eux-mêmes plutôt que de Google (cette dernière leur laissant l'initiative d'aller au front contre Apple sans implémenter la fonction elle-même), bref, malgré des avancées notables Apple continue de tenir la dragée haute à ses concurrents. Et avant la part de marché, c'est surtout sur ce point qu'Apple veut rester le fer de lance.
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