Un spécialiste alerte : la fiabilité des clés USB diminue

Pierre Dandumont |

Une société allemande spécialisée dans la récupération de données (CBL) vient de lancer une alerte : la qualité des clés USB et des cartes microSD diminue avec le temps, ce qui peut amener des pertes de données plus fréquentes.

Cette clé USB contient une simple microSD noname soudée sur le PCB (image CBL).

Les raisons sont multiples, mais la première est liée à l'évolution de la mémoire flash : les premières générations de puces stockaient 1 bit par cellule (ce que l'on appelle de la mémoire SLC, pour Single Level Cell) alors que les puces actuelles — spécialement dans les cartes microSD et les clés USB — enregistrent généralement quatre bits par cellule (QLC). Cette solution permet d'augmenter la capacité de stockage (il y a quatre fois plus de données sur une puce) mais réduit la fiabilité. En effet, la mémoire QLC a une durée de rétention plus faible (nous allons y revenir) et s'use plus rapidement. Alors que des puces de mémoire SLC peuvent encaisser des centaines de milliers d'écritures, une puce de mémoire QLC se limite à quelques milliers dans le meilleur des cas.

Sur cette puce, un nouveau nom a été appliqué (image CBL)

Avant d'expliquer les solutions possibles, il y a d'autres facteurs qui justifient cette réduction visible de la qualité. Premièrement, de plus en plus de fabricants construisent des clés USB à bas coût, par exemple en soudant littéralement une carte microSD sur le PCB interne. Deuxièmement, les puces de mémoire choisies sont de plus en plus souvent soit remarquées (avec un logo appliqué sur celui d'origine) soit rendues illisibles au niveau du marquage. Une des raisons, selon Tom's Hardware, viendrait du fait que les puces en question seraient des composants rejetés par les grands constructeurs de mémoire flash, remis sur le marché plus ou moins en douce. CBL indique par ailleurs que les composants de mauvaise qualité se retrouvent aussi dans les clés USB de marques connues, sans les nommer spécifiquement, et qu'il ne s'agit donc pas uniquement de clés USB reçues en cadeaux ou achetées à vil prix sur des places de marché asiatique.

Rétention et usure

Le principal problème mis en avant quand la mémoire flash est évoquée est l'usure, mais il ne s'agit pas réellement d'un souci dans le cas d'une clé USB : les contrôleurs, même bas de gamme, disposent d'une gestion de l'usure et les milliers d'écritures permises par une puce NAND QLC de qualité suffisent a priori amplement pour une clé USB. En effet, en prenant une hypothèse basse (1 000 écritures possibles), vous n'écrirez probablement jamais assez sur une clé USB pour atteindre la limite1.

Cette puce de mémoire a été limée pour cacher le nom du fabricant (image BL).

Le second problème, moins visible, va venir de la rétention. La norme, dans une puce de mémoire flash NAND classique, est de considérer qu'un bit va garder sa valeur pendant au moins 10 ans. Dans les faits, ce n'est pas toujours le cas : une mémoire de mauvaise qualité peut avoir une rétention plus faible au départ, et l'usure et la chaleur peuvent encore réduire cette valeur. Typiquement, CBL recommande de lire une clé USB tous les ans pour forcer les mécanismes de correction d'erreurs à s'enclencher, pour réduire les risques de corruption. C'est un problème extrêmement insidieux : un bit modifié dans un fichier qui contient une image peut causer un changement de couleur potentiellement invisible, quand un bit modifié dans un exécutable va l'empêcher de fonctionner. Et il y a peu de moyens simples de vérifier la cohérence des données avec le temps.

Ce problème est moins visible car il a un fort biais du survivant2 couplé au fait que les anciennes puces de mémoire avaient une durée de vie plus élevée. Il est donc logique qu'une carte microSD récupérée dans le Motorola ROKR fonctionne encore peut-être, alors que sa version moderne commence à perdre des données.

Les conseils de CBL sont clairs, même si le principal est pourtant oublié : il faut sauvegarder3. Ils suggèrent quatre points. Le premier est simple : n'utilisez pas une clé USB reçue avec un magazine, sur un salon, etc. Dirigez-vous directement vers des solutions provenant de marques reconnues et sans tirer la corde sur le prix. Ensuite, stockez les produits à base de mémoire flash au frais4, la chaleur accélère l'usure et réduit la rétention.

Dans le cas des clés USB, il vaut mieux par exemple les éjecter rapidement après usage, certaines clés ayant tendance à chauffer une fois reliées à une prise USB. Troisièmement, si vous comptez stocker à long terme, sortez les clés USB et autres cartes mémoire au moins une fois par an, pour permettre aux mécanismes de gestion de l'usure d'effectuer leur travail. Il n'y a pas nécessairement besoin de réaliser d'opérations : un simple branchement sur un ordinateur peut suffire. Enfin, quatrièmement, il faut garder de l'espace libre. Les mécanismes de gestion de l'usure ont besoin d'un peu d'espace pour uniformiser l'usure et corriger les éventuelles erreurs. Il est un peu compliqué d'indiquer une limite, mais laisser un quart de la capacité libre (au moins) semble un bon compromis.

Et il faut le rappeler une dernière fois, n'oubliez pas de sauvegarder. Car les sociétés de récupération de données comme CBL ont deux défauts : le prix peut être élevé et la récupération n'est pas garantie. Il est donc bien plus sûr d'avoir une copie des données, quitte à changer de périphérique de stockage de façon régulière.


  1. Les raisons sont complexes, mais il faut partir sur une amplification en écriture de l'ordre de 3x, une valeur assez pessimiste. Il s'agit, en résumé, des opérations supplémentaires liées à la gestion interne. Mais même dans ce cas, vous n'écrirez probablement jamais l'équivalent de 300 fois la capacité d'une clé USB de 64 Go.  ↩︎

  2. Comme pour le frigo de votre grand-mère, qui fonctionne depuis 30 ans, vous avez peut-être déjà vu une carte mémoire des années 90 encore parfaitement fonctionnelle, en occultant totalement ceux partis au rebut  ↩︎

  3. Et déplacer vos photos du disque dur vers une clé USB que vous rangez dans un tiroir n'est pas une sauvegarde.  ↩︎

  4. La plage arrière de la voiture en été n'est pas un bon choix.  ↩︎

Source
Image d'ouverture : CC BY-NC 2.0 DEED, AmsterdamPrinting.com
avatar PtitXav | 

On les fait sur quoi les sauvegardes alors ?

avatar fte | 

@PtitXav

Plusieurs supports de plusieurs types dans plusieurs lieux avec plusieurs logiciels et plusieurs méthodes d’archivage selon plusieurs agenda.

Si tu trouves un point commun c’est que tu as oublié un plusieurs.

avatar noooty | 

@PtitXav

Sur un disque dur externe, mais pas un ssd.
Ou sur le Cloud, avec des risques encore plus gigantesques de partages non désirés…

avatar Stilgar Le Fremen | 

La plupart des logiciels de sauvegardes chiffrent localement les données avant de les copier dans le cloud. Même si le risque zéro n'existe pas cela les limite grandement quand même.

avatar KevinMalone | 

@PtitXav

Sur disquettes 3 pouces 😉

avatar jackhal | 

Extrêmement dures à trouver, à part pour l'Amstrad 6128, je n'en ai jamais vu nulle part.

-- hors-piste disquettes --
Au passage : il n'y a plus qu'un vendeur de disquettes, et comme il n'y a plus de nouvelles fabriquées, il les récupère où il peut. On peut lire son interview ici :
https://eyeondesign.aiga.org/we-spoke-with-the-last-person-standing-in-the-floppy-disk-business/

Il y a une semaine, le gouvernement Japonais a mis fin à son utilisation des disquettes, qui étaient encore en vigueur dans divers domaines (!).
https://arstechnica.com/gadgets/2024/01/floppy-disk-requirements-finally-axed-from-japan-government-regulations/

avatar ti chen | 

@PtitXav

la méthode 3,2,1,0 :
3 sauvegarde, dans 2 endroits différents plus 1 en ligne et zéro confiance…

avatar 406 | 

@PtitXav

Sur les magneto-optiques. C est figé.
Je me rappelle des miens, c était 1Mo/s en vitesse d écriture…

avatar Jacti | 

@PtitXav : Sur un NAS avec système RAID.

avatar pulsarium | 

@Jacti

Ransomware ou incendie ou mauvaise manip et c’est finito

avatar armandgz123 | 

@Jacti

Sur 2 NAS sans système raid :)

avatar mk3d | 

@PtitXav
Sur deux emplacements différents. Jamais sur clé usb. Jamais. Jamais sur un seul disque. Il y a une l’oie en informatique, quand l’ordi merde, la première sauvegarde merde aussi.. en général.. donc 1x disque externe par exemple et une fois cloud. Ou deux disques externes. Ou n’importe mais deux sauvegardes 🤣

avatar Sillage | 

Va falloir ressortir les vieilles clés usb. LOL.

Me demande si mes vieilles clés fonctionnent encore. LOL.

avatar moua | 

On retrouve des textes et archives très anciennes

Mais combien de données personnelles perdues sur support numérique ?

Ne stockez pas tout dans (i)cloud uniquement.

avatar Yves SG | 

Je ne me souviens pas de quand était la dernière fois que j’ai utilisé une clé USB…
Merci iCloud, Dropbox et surtout AirDrop 😃

avatar raoolito | 

@Yves SG

Certes, mais pour brancher un film sur la télé, c'est quand même bien pratique

avatar Yves SG | 

@raoolito

Ça fait plus de 25 ans que je n’ai plus de télé. J’arrive même à en oublier que cet objet existe 😁

avatar marc_os | 

@ Yves SG

> Ça fait plus de 25 ans que je n’ai plus de télé

Tu les regardes sur quoi Netflix & Cie. ?
Quoiqu'il en soit, si ce n'est à TF1, quand tu consommes de la série ... (TV ou pas 🤪), tu donnes payes bien tes heures de cerveau disponible à ces Netflix.

avatar raoolito | 

@marc_os

Sa remarque est intéressante dans le sens où on voit bien, qu'on continue à penser que télévision veut dire tuner télé
Sinon, la télévision en mode tnt elle doit bien tourner quelques heures. Quand les parents ils viennent et parfois quand notre fille veut regarder Gulli.
Le reste du temps ca lit sur les clés USB ou sur le serveur
Parce qu'on a beau dire, mais un Marvel en 4K 10bits, le regarder, même sur un écran d'ordinateur, super beau, ça ne donnera pas l'effet sur une télévision de 75 cm de diagonale

avatar marc_os | 

@ raoolito

> on continue à penser que télévision veut dire tuner télé

Justement.
Ces gamins (ce ne sont pas les vioks qui traitent leurs ainés de "boomers") se croient au dessus de leurs parents qui "regardaient la télé", alors que ce qu'il font quand ils restent scotchés pendant des heures devant des séries toutes plus géniales les unes que les autres, et bien c'est exactement la même chose, juste que la source est différente :
Ils trainent pendant des heures devant leur téloche écran — grand, petit, 70", quelque soit sa taille.

avatar raoolito | 

@marc_os

Je croyais que TikTok, c'était la nouvelle télévision 😊

avatar marc_os | 

@ raoolito

> Je croyais que TikTok, c'était la nouvelle télévision

« Netflix & Cie. » ça inclut TikTok.
Il ya aussi Youtube et tous les canaux de diffusion des « influenceurs et influenceuses ».
D'ailleurs, ces influenceurs on des « chaines » et ils diffusent leurs... émissions à certains moments donnés.
C'est exactement comme la télévision historique avec chaines, emissions et horaires. Idem pour les séries à la mode dont tel épisode sera diffusé pour la première fois par telle chaine fournisseur de contenu*, tel jour à telle heure.
😎

(*) Netflix & Cie.

avatar raoolito | 

@marc_os

Publicité inclues 😉

avatar zoubi2 | 

@marc_os

👍👍👍

avatar Gosseyn | 

@raoolito a écrit :
> Parce qu'on a beau dire, mais un Marvel en 4K 10bits, le regarder, même sur un écran d'ordinateur, super beau, ça ne donnera pas l'effet sur une télévision de 75 cm de diagonale

De la 4K sur un écran de 75 cm seulement ? C'est ultra gâché ! Déjà sur un 109 cm, un film en Full HD, je trouve ça un peu gâché. Écran de 3 m de diagonale (projeté sur le mur), sinon rien ! ;-)

Sinon, moi non plus je n'ai pas de télé (depuis toujours, je crois, enfin depuis que je suis parti de chez mes parents). Enfin, si, à une époque j'en avais une (écran cathodique en 16/9ème, c'était assez rare), mais pas sûr que j'aie un jour branché l'antenne TV. Je l'utilisais surtout pour regarder des films. Le problème de la télé (classique, TNT ou via IP, c'est le même principe), c'est que c'est un truc qui tourne tout le temps, un programme sans fin qui te bouffe la vie et t'empêche de faire autre chose que de rester collé devant. Évidemment, il y a des gens qui en ont un usage raisonné, m'enfin je vois quand même à travers les fenêtres des maisons dans les villes que cet objet, dans beaucoup de foyers reste allumé en continu. C'est un fléau pour les familles et les enfants.
Alors c'est vrai que depuis qu'on regarde par internet, en streaming, ça remplace un peu la télé (pour certains, qui sont collés dessus), mais au moins on peut choisir son programme et son moment.

avatar MarcMame | 

@Gosseyn

"De la 4K sur un écran de 75 cm seulement ? C'est ultra gâché ! Déjà sur un 109 cm, un film en Full HD, je trouve ça un peu gâché. Écran de 3 m de diagonale (projeté sur le mur), sinon rien ! ;-)"

—————
A mon avis il voulait dire « 75 pouces » et pas cm…
Sinon, projeter sur un mur c’est aussi très dégradant pour la qualité d’image. Une toile technique est indispensable pour conserver un bon niveau de luminosité et ne pas dégrader la colorimètrie.

avatar Gosseyn | 

@MarcMame
> A mon avis il voulait dire « 75 pouces » et pas cm… Sinon, projeter sur un mur c’est aussi très dégradant pour la qualité d’image. Une toile tech nique est indispensable pour conserver un bon niveau de luminosité et ne pas dégrader la colorimètrie.

Évidemment c'est mieux avec un bel écran réfléchissant, mais chez moi j'ai juste un mur blanc recouvert de toile peinte (même pas lisse) et franchement ça le fait bien. Faut dire que le projecteur n'est qu'à 3m-3,50m de la surface de projection, donc la luminosité est peu disperssée. Ce que je recherche avant tout est l'ambiance cinéma. Il n'y a rien de mieux, je trouve pour regarder des films. Ça, plus un son de qualité hifi face spectateur, et le tour est joué. Même pas besoin de 4K. En full HD, avec un écran de cette taille, on a une très bonne résolution et qualité d'image, à condition que la copie du film ne soit pas pourrie.

avatar MarcMame | 

@Yves SG

"Ça fait plus de 25 ans que je n’ai plus de télé. J’arrive même à en oublier que cet objet existe 😁"

————-
Tu as remplacé un écran par un (ou des autres).
Qu’est-ce que ça change ?

avatar Yves SG | 

@MarcMame

Ce que ça change, c’est notamment que je n’ai plus du tout l’usage de clefs usb depuis bien longtemps alors qu’apparemment elles restent nécessaires quand on utilise une télé ?

avatar MarcMame | 

@Yves SG

"Ce que ça change, c’est notamment que je n’ai plus du tout l’usage de clefs usb depuis bien longtemps alors qu’apparemment elles restent nécessaires quand on utilise une télé ?"

———-
Pourquoi aurait-on besoin d’une clef usb sur une TV ?

avatar pat3 | 

@Yves SG

J’ai plein de clés usb en chômage technique, que je reformate quasiment à chaque usage selon ce que je vais en faire sur le moment : passer des gros fichiers de Mac à PC (et inversement) ou de Mac à Mac. Et parmi elles, deux ou trois clés USB A - USB C, dont je pensais avoir plus d’usage…

avatar fte | 

MacG, vous omettez de souligner que les SSD externes comme internes ne sont pas épargnés, pour illustration le cas de SanDisk encore très récemment.

Un grand nom n’est plus nécessairement une garantie de qualité.

Pour ma part aujourd’hui, je ne regarde pour ainsi dire pas la vitesse ou les transactions, mon critère de choix après la capacité est l’endurance. Non pas que j’aie un besoin d’endurance extraordinaire, mais une grande endurance reste le signe d’une construction étudiée pour encaisser. Ça ne met personne à l’abri d’une panne évidemment, et aucune marque n’est épargnée. Samsung longtemps, ou Kensington par exemple. Les deux ont leurs ratés. Intel était tellement épargné mais tellement ignoré, du moins avant de se séparer de cette activité…

Bref. Méfiez-vous également des SSD. Et c’est autrement plus important.

avatar pocketalex | 

"Bref. Méfiez-vous également des SSD. Et c’est autrement plus important."

J'en ai 4 dans mon tiroir, je vais le fermer à clé, des fois qu'ils sortent la nuit pour tenter de m'étrangler sauvagement

avatar Khrys | 

@fte

Avez-vous, de votre expérience, des marques/modèles précis à recommander/suggérer en guise de référence?

avatar fte | 

@Khrys

"Avez-vous, de votre expérience, des marques/modèles précis à recommander/suggérer en guise de référence?"

Samsung 990 Pro / EVO
Seagate FireCuda 530
Kingston DC600M

Pour le moment, et ce depuis disons 10 ans, je n’ai eu aucune panne avec ces trois fabricants, et ces modèles actuels équipent plusieurs machines avec entière satisfaction, pour près de 50 TB.

J’évite WD, Sandisk, en particulier, et les marques peu connues.

J’ai entendu du bien de Kioxia. Je n’ai pas d’avis sur les Corsair, TeamGroup et autres marques "gamer".

avatar Khrys | 

@fte

Merci à vous!

avatar BeePotato | 

« Comme pour le frigo de votre grand-mère, qui fonctionne depuis 30 ans »

Il y a quelques années, j’ai croisé un frigo GE de 1916 encore en fonctionnement. Un vrai survivant ! 🙂

avatar hairsplitter | 

Certainement encore en 110 V.

avatar occam | 

@BeePotato

"Un vrai survivant !"

Oui.
Mais, comme je le signale plus loin, s’agit-il d’un spécimen exceptionnellement robuste, ou d’un frigo appartenant à une série de conception et construction plus robuste que la grande majorité des produits actuels, qui a eu la chance d’être maintenu en fonction ?
La seule statistique de « survie » qui ne prendrait en compte que la proportion observée à T₀ par rapport à T−τ est incapable de fournir une réponse adéquate.
Un examen technique, en revanche, peut en fournir l’explication.

Anecdote : toutes les fois que je rencontre des techniciens de chez Miele, je leur demande quelles sont les pièces de rechange qu’ils remplacent le plus fréquemment sur les lave-vaisselle et lave-linge, après quelle durée. Sans exception, la durée de vie de ces composants remplaçables dépasse la durée de vie moyenne entière d’une machine de fabrication chinoise ou coréenne.
L’investissement de base est certes plus important. Mais les frais sur la durée de vie utile projetée sont bien moindres. Sans parler de l’impact écologique.

avatar Matlouf | 

Vouiiii...

Qu'est-ce qu'il a comme classe énergétique, le frigo de 1916 ?

Sans aller dans ces extrêmes, je ne suis pas convaincu (en un seul mot SVP) que garder un appareil électroménager, disons, plus de 20 ans soit un bon calcul.

avatar Eyquem | 

Comme la plupart des choses fabriquées de nos jours en fait, architecture, objets,… On ne construit plus pour durer, mais seulement le moins cher possible !

avatar marc_os | 

@ Eyquem

> On ne construit plus pour durer, mais seulement le moins cher possible !

C'est du capitalisme de base.
Toute entreprise se doit de grossir pour satisfaire les actionnaires.
Or quand le marché est saturé, que faire pour continuer à grandir ?
Persuader d'une manière ou d'une autre les "clients" à se renouveler leur "investissements".
Soit en créant une nouvelle version super plus géniale que la précédente, et que tout le monde va vouloir s'arracher. Apple n'est pas trop mauvaise à ce jeu.
Soit en incitant les gens à jeter des objets quasi neufs. Un superbe exemple, avec complicité du gouvernement, ce furent les "primes à la casse".
Un autre moyen, c'est l' « obsolescence programmée ».
En d'autres termes, la qualité des produits baisse afin que leur durée de vie baisse afin que le consommateur remplace le produit en panne. Bien sûr, le mieux est que le produit ne soit pas réparable. Et utiliser des composants moins chers et de moins bonne qualité, c'est double bénef !

Et bien tout cela, c'est la mélodie du capitalisme qui nous accompagne depuis... très longtemps.
Mais ces gens là sont très forts pour continuer à persuader le chaland qu'il n'y aurait pas d'autre façon de faire.

avatar occam | 

Le problème du biais du survivant — « survivorshop bias », si vous cherchez à vous documenter — est un brin plus compliqué qu’il n’y paraît.

Pierre écrit avec beaucoup de finesse : « Ce problème est moins visible car il a un fort biais du survivant couplé au fait que les anciennes puces de mémoire avaient une durée de vie plus élevée. » J’ai mis en italiques la partie la plus importante de sa phrase. Importante, essentielle, car elle est basée à la fois sur un constat empirique — la durée de vie moyenne des cellules : SLC > MLC > TLC > QLC — et sur la compréhension technique des causes de cette hiérarchie relative. Il y a donc une causalité spécifique qui conditionne le constat empirique SLC > MLC > TLC > QLC.

L’exemple choisi par Pierre pour illustrer le survivorship bias en illustre en fait les pièges.
« Comme pour le frigo de votre grand-mère, qui fonctionne depuis 30 ans, vous avez peut-être déjà vu une carte mémoire des années 90 encore parfaitement fonctionnelle, en occultant totalement ceux partis au rebut. »

Dans un cas individuel (le frigo, la carte mémoire des ‘90s) vous pouvez éventuellement retracer l’arborescence des décisions qui font qu’aujourd’hui, à T₀, vous avez encore encore le matériel que vous aviez à T−₃₀. Le frigo comme la carte mémoire ont des probabilités spécifiques de défaillance selon les distributions de Weibull. La courbe de Weibull indique la probabilité de défaillance d’un élément en fonction du temps et des cycles d’usure, étalonnée sur un échantillon de référence.
Mais elle ne vous dira pas pourquoi vous avez gardé votre frigo ou votre carte, s’ils ont survécu de T−₃₀ à T₀ sans défaillance fatale. Vous, vous le savez.

C’est à ce point qu’entrent en jeu les « survivorship bias fallacies ». Comparant la durée de survie de votre frigo ou de votre carte avec la courbe de Weibull, vous pouvez savoir si votre spécimen est exceptionnellement robuste, partant longève, ou s’il fait partie d’une classe ou d’une série partageant la même longévité moyenne, que vous avez eu le discernement individuel d’exploiter à fond, tandis qu’une majorité de leurs congénères se retrouvent au rancart ou au rebut pour des raisons étrangères à leur probabilité de survie intrinsèque.
Les études statistiques qui n’évaluent pas ces chaînes de conditionnalités et de causalités se trouvent immanquablement, et irrémédiablement, faussées.

C’est pourquoi John Ioannidis a pu écrire, il y a une quinzaine d’années, une étude dévastatrice au titre volontairement provocateur, qui fait encore des vagues, et dont les répercussions ne sont pas encore résorbées : « Why Most Published Research Findings Are False »
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1182327/
Son constat n’est pas inédit, le problème étant connu et analysé depuis des décennies : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8546126/
Mais il fallait un coup d’éclat, et un gros coup de gueule, pour que les praticiens commencent à cesser de l’ignorer.

avatar Glop0606 | 

Les clés USB, c'est au mieux pour transférer des données mais en aucun cas pour stocker. J'en ai toujours une ou deux mais en 2024 tout se passe par transfert cloud (ou Airdrop). Pour la sauvegarde, les commentaires au dessus donnent les bonnes méthodes. Je suis d'accord, les SSD ne sont pas non plus de bon support de stockage longue durée. A une époque, je gravais mes données sur Blu Ray. Je n'ai plus le temps et de toute façon il semblerait que même les CD's ont une durée de vie limitée.

avatar starsk | 

Renoncement acheté une clef de 256g de marque Phillips sur Amazon... Vendu dans un beau packaging... en panne 3 semaines après réception, renvoyée... Pas recommandé.

avatar marc_os | 

Une des raisons, selon Tom's Hardware, viendrait du fait que les puces en question seraient des composants rejetés par les grands constructeurs de mémoire flash, remis sur le marché plus ou moins en douce

Ah que c'est beau le capitalisme !
Tous les moyens sont bons pour maximiser les bénéfices des actionnaires.
Le capitalisme n'a absolument aucune morale.
Arnaque, pollution, dégradation de l'environnement, mauvaises conditions de travail, travail des enfants, tout est bon pour le "business".
Et j'ai encore entendu un préfet hier soir expliquant qu'il ne pouvait pas contrôler toutes les activités (constructions illégales en terres agricoles)... 🤨

avatar pocketalex | 

@marc_os

Ce n'est pas le capitalisme, c'est le low-cost. Que l'on parle de la nourriture dans ton assiette ou de tes outils informatiques, il y a des marques qui affichent un certain prix, et des marques, ou des sans-marques, qui affichent 2 à 10x moins cher.

Croire que l'on achète la même chose en NoName ou auprès d'une grande marque est naïf, et pourtant une énorme partie de la population fonctionne comme ça. On peut être capitaliste et payer le vrai prix des bonnes choses (et donc pas les produits de l'enseigne qui dit ça)

avatar marc_os | 

@ pocketalex

> Ce n'est pas le capitalisme, c'est le low-cost

Comment qualifier cette remarque...
Déjà, le "low-cost", ce n'est pas un système économique en soi comme l'est le capitalisme.
Le "low-cost", c'est une stratégie comme d'autres pour maximiser ses bénéfices en minimisant les coûts de production - en achetant "pas cher".
Ensuite, si le produit final n'est pas cher lui aussi, alors pour pouvoir faire des bénéfices conséquents, il faut produire et vendre en masse. Quoiqu'il arrive, dès que les bénéfices ne sont plus suffisants, avant même de faire des pertes, on continue à faire des économies, et si on est déjà au ras des pâquerettes grâce à une production assurée par des esclaves des enfants des gens mal payés grâce aux délocalisations dans des pays le permettant, on licencie (licenciements boursiers), ou on abandonne le produit et "on passe à autre chose". Les clients, on s'en fout, la seule chose qui est intéressante chez les clients, c'est leur porte-feuilles.

avatar pocketalex | 

tout à fait

mais ce que je veux dire, c'est que c'est ça la cause de nombreux maux de notre société

bon après, le capitalisme n'est pas l'ultra-capitalisme, et ce dernier est à dénoncer (ce que tu faisais je pense) tout autant que de vouloir faire croire que l'ultra-pas cher est une solution

avatar marc_os | 

@ pocketalex

> bon après, le capitalisme n'est pas l'ultra-capitalisme

Mais l'ultra-capitalisme, whatever it means, c'est du capitalisme.
Le capitalisme est à l'origine de bien des maux de notre société, comme le réchauffement climatique connu dès les années 70 par l'industrie pétrolière, ainsi que ses conséquences. Je ne vois pas ce qui pourrait sauver (moralement) le capitalisme, qu'il soit ultra ou pas.
Car son principe de base c'est quand même de maximiser les profits, quoiqu'il en coute.

Pages

CONNEXION UTILISATEUR