Notifications push : Apple met à jour ses informations pour les autorités judiciaires

Florian Innocente |

Apple a mis à jour ses informations pour les agences gouvernementales qui cherchent des données sur un utilisateur dans le cadre d'une enquête. Les notifications push y font leur apparition à la suite des révélations d'un sénateur américain.

Le sénateur de l'Oregon, Ron Wyden, dévoilait hier les contours d'une méthode de collecte d'informations sur un individu sous le coup d'une enquête, grâce aux métadonnées des notifications d'apps qu'il reçoit sur son smartphone. Google et Apple avaient interdiction de la rendre publique. La demande du sénateur pour faire lever ce veto a fait sauter ce verrou.

Apple confirme que des gouvernements surveillent le transit de notifications

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D'après le Washington Post cette technique a été employée notamment pour obtenir des informations sur des participants à l'attaque du Capitole le 6 janvier dernier dans la capitale fédérale américaine.

À la suite d'Apple, Google a déclaré qu'il partageait le souhait du sénateur Wyden de continuer à informer les citoyens sur les demandes d'informations reçues de la part des autorités. Google, comme Apple, publie annuellement un rapport de synthèse sur ces requêtes judiciaires formulées depuis les pays où le groupe opère.

Ni Apple, ni Google, ni le sénateur à l'origine de cette révélation n'ont nommé de pays qui ont eu recours à ce type de métadonnées, pas plus que les volumes que cela représente. Une source proche de ce dossier a déclaré hier à Reuters que plusieurs pays alliés des États-Unis procédaient de même.

Attaque du Capitole

Le Washington Post a comptabilisé jusqu'à présent plus de deux douzaines de mandats ou autres documents relatifs à des données de notifications push. La plupart avaient leur contenu expurgé, mais 9 d'entre eux étaient liés aux événements du Capitole, deux concernaient des individus suspectés de blanchiment d'argent et de distribution de contenus pédophiles. Les requêtes visaient des notifications push émises vers des apps de Microsoft, Amazon, Apple ou Google, entre autres.

Le nombre exact de demandes traitées spécifiquement pour des métadonnées de notifications est encore inconnu, Google et Apple n'ayant pas encore commencé à les détailler.

Google a néanmoins déclaré dans la dernière mouture de son rapport que, sur le premier semestre 2022, il avait reçu 500 demandes aux États-Unis pour 36 000 comptes. Et ce, pour des informations qui ne sont pas des contenus à proprement parler et qui peuvent inclure parmi elles ces données de notifications. Sur la même période, le volume total de demandes traitées par Google au niveau mondial s'est élevé à plus de 192 000 pour 400 000 comptes utilisateurs (environ 70 000 comptes concernaient les États-Unis).

Apple, de son côté, a amendé le document destiné aux autorités, dans lequel sont énumérés les contenus qu'elle est en mesure de fournir dans le cadre d'une demande légale. Comme elle l'avait annoncé hier après la révélation du sénateur Wyden, elle a ajouté un passage sur son service de notifications push (APNs). Elle y explique :

Lorsque les utilisateurs autorisent une application qu'ils ont installée à recevoir des notifications push, un jeton du service Apple Push Notification est créé puis enregistré auprès de ce développeur et de cet appareil. Certaines applications peuvent avoir plusieurs jetons APN pour un compte sur un appareil afin de différencier messages et multimédia. L'identifiant Apple associé à un jeton APNs enregistré peut être obtenu avec une injonction ou une autre procédure légale.

La prochaine publication des rapports de transparences des deux entreprises en dira peut-être plus sur la quantité de requêtes faites pour les notifications.

avatar monsieurg33K | 

Je suis surpris que ce soit pas chiffré. Quid des messageries ? J’ai cru lire que WA le faisait pour les notifs i.e

avatar Ichigo-Roku | 

@monsieurg33K

Les données ne sont pas chiffrées et il est fortement déconseillé de mettre des données sensibles dans les données de notifications pushs. Par contre ces données peuvent être chiffrées côté serveur et déchiffrées sur le téléphone pour ensuite être affichées sous forme de notification.

avatar Link1993 | 

Donc, bon à savoir : ne pas activer les notifications pour les applications de communication secrètes ! 😬

avatar Aurazion | 

En fait c'est plutôt de la responsabilité de chaque développeur la manière dont les notifications pushs sont sécurisées. Certaines apps, comme WhatsApp, stockent uniquement des informations chiffrées de bout en bout dans leur push, qui sont par la suite déchiffrées à la volée (et en local) par le device, avant d'être délivrées à l'utilisateur (https://developer.apple.com/documentation/usernotifications/modifying_content_in_newly_delivered_notifications/)

Certaines vont encore plus loin et utilisent des id pour ensuite (toujours via le même mécanisme de maj à la volée d'une notification) récupéré un contenu à distance, ce qui évite de faire passer la moindre données directement via la notification (chiffrée ou pas). Et tout ça, c'est transparent pour l'utilisateur. Donc le seul risque c'est quand un développeur envoie tout de manière non chiffrée dans une notification push (interceptable par Apple/Google donc), surtout si il s'agit d'infos sensibles comme des messages privés.

avatar Artefact3000 | 

À l’époque, la Stasi devait tout noter sur des fiches en carton. Maintenant, l’espionnage des civils est tout numérique. C’est ce qu’on appelle le progrès!

avatar TiTwo102 | 

S’il appartient aux développeurs d’apps de chiffrer ou non ces donnés, Apple devrait ajouter l’information dans l’Appstore. Une ligne indiquant si oui ou non les données push de l’app sont chiffrées, à l’image de ce qui se fait pour les informations sur les données collectées.

Ou tout simplement obliger le chiffrement de ces données…

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