Apple recrute chez Intel, Google recrute chez Apple, c’est le cercle de la Valley

Anthony Nelzin-Santos |

Apple aime tant l’environnement qu’elle recycle jusqu’aux salariés de ses concurrentes. En analysant les profils LinkedIn des personnes passées par quatorze entreprises de la Silicon Valley1, Switch On Business montre qu’au moins 5,70 % des employés de la firme de Cupertino sont passés par l’une de ses rivales. Apple attire tout particulièrement les salariés (sans rancune) d’Intel et de Microsoft.

Le nombre de salariés venant d’autres entreprises de la Silicon Valley. Image Switch On Business.

La portée de l’étude de Switch On Business, une entreprise new-yorkaise spécialisée dans la comptabilité, est nécessairement limitée, mais il n’empêche qu’elle montre que le temps des « pactes de non-agression » est définitivement révolu. Dix ans après la fin des accords qui ont empêché au moins 60 000 salariés de changer librement d’employeur, au point que l’on pouvait qualifier Steve Jobs de directeur des ressources humaines de Google, la Silicon Valley est devenue une grande lessiveuse.

Plus d’un quart des salariés de Meta ont travaillé pour un autre géant de la tech (15 527 personnes), contre seulement 2,28 % chez IBM (6 343 personnes), qui possède de robustes circuits de formation et de promotion internes. Google emploie plus de 38 000 personnes venues d’ailleurs, Microsoft plus de 27 000 employés, Amazon près de 19 000 et Apple près de 17 000. Amazon, Google et Meta puisent principalement dans le vivier de Microsoft, qui attire quant à elle les anciens salariés d’IBM et d’Oracle.

Les allées et venues chez Apple. Image Switch On Business.

Ces mouvements sont peut-être moins surprenants que l’identité de l’ancien employeur de 4 773 salariés d’Apple, Intel, jusqu’à ce que l’on se souvienne qu’elle a acheté la division modems de la firme de Santa Clara, qui comptait plus de 2 000 employés. Il n’est pas tout à fait étonnant qu’une entreprise qui conçoit ses propres puces recrute parmi les rangs d’un fondeur. La présence de Microsoft (2 811 salariés) et d’Amazon (2 245) dans le top 3 prouve la perméabilité des entreprises de la Silicon Valley, tandis que celle de Google (2 126) montre l’importance des filières de la cartographie et de la recherche.

Comme Google et Meta, Apple a recruté plus de salariés chez ses concurrents que ses concurrents n’en ont recruté chez elle. Amazon et Microsoft, dont plus de 20 000 salariés ont rejoint Google, suivent le mouvement inverse. Les deux entreprises ont toutefois un profil diamétralement opposé : une bonne partie du million et demi de salariés d’Amazon travaille dans ses entrepôts, alors que Microsoft emploie une petite armée de développeurs d’un âge plus avancé que la moyenne dans la Silicon Valley.


  1. Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, IBM, Tesla, Oracle, Netflix, Nvidia, Salesforce, Adobe, Intel et Uber.  ↩︎

avatar Maramos | 

Dans la Valley hooo hooo, d’la dataaaa dalidada

avatar stefhan | 

@Maramos

Même réf ! 😁🎶

avatar Paquito06 | 

C’est un petit monde où tout le monde se connait. Une fois que tu as mis le pied au sein d’une de ces boites (referral, ivy league, etc.) tu passes de l’une a l’autre, prenant 20% d’augmentation au passage. C’est pas rare de debuter en colloc a SF avec 3-4 personnes qui taffent chez les gafa, ca signe du NDA a tour de bras lol
C’est la meme sur la cote Est en finance de marché, ca passe de Citi a GS, a JPM, BNY ou UBS, etc.
C’est noir bonnet et bonnet noir. AHAH. 🤓

avatar DahuLArthropode | 

@Paquito06

Et MagGe: des transfuges de Canard PC, tandis que des piliers passent à 01 Net… quelle jungle!

avatar MacPlusEtc | 

@DahuLArthropode

☺️

avatar Paquito06 | 

@DahuLArthropode

🤭🫣

avatar DG33 | 

@DahuLArthropode

😁

avatar fte | 

@Paquito06

"C’est noir bonnet et bonnet noir."

C’est juste. C’est vrai un peu partout par ailleurs. C’est vrai à Portland où tous les ingénieurs logiciels ou IT de la région ont bossé ou bosseront chez Intel. Ou Tektronix. Un peu IBM aussi. Logitech (WA tho) un tout petit peu. Bref. La Silicon Forest. Vachement plus sympa que la Silicon Valley. Déjà tu peux avoir une maison individuelle pour le prix d’une misérable coloc à 5 à Frisco…

avatar Paquito06 | 

@fte

Oui mieux vaut ne pas commencer a parler prix dans la bay area 😤
Et puis, le vin en Oregon - pinot noir - est bien plus sec, moins sucré, que ce qu’on peut trouver, majoritairement, en Californie. Agreable.

avatar Baptiste_nv18 | 

C’est très courant pour ce genre d’entreprises.

avatar gigatoaster | 

Ça ne m’étonne pas. Dès que je suis rentré chez un GAFAM, 2 autres m’ont contacté pour passer des entretiens.

avatar Mac1978 | 

Cet entre soi du monde du travail, que ce soit dans la tech, dans la finance, l’audit, le consulting ou n’importe quel secteur de l’économie est comme la co-sanguinité dans les populations humaines ou animales. C’est toxique mais bien présent.

avatar fte | 

@Mac1978

"C’est toxique mais bien présent."

En quoi est-ce toxique ? Une entreprise n’est pas une famille que je saches, du moins plus pour les générations actuelles, peut-être encore pour les boomers. Vraie question, j’échoue à voir la toxicité.

avatar Kal1988 | 

A titre personnel, je ne sais pas si c'est "toxique", mais c'est certainement dommageable pour ces entreprises. Pour l'avoir vécu, les échanges "consanguins" à répétition lissent voire clonent les stratégies, les tactiques, l'opérationnel (et ses procédures...) auprès des partenaires et des clients.

Corrélés à des formations initiales déjà très formatées pour la plupart des collaborateurs de hauts rangs, les organisations peuvent vite s'aveugler, se replier sur elles-mêmes, et rencontrer de grosses difficultés à se remettre en question ou à envisager les retours terrains comme des éléments constructifs.

En conséquence, les collaborateurs en frontline et leurs managers deviennent de plus en plus démunis et écartelés entre des organisations convaincus d'être dans une bonne stratégie mal exécutée, et des partenaires/clients qui formulent des besoins et des attentes sur lesquels les possibilités de réponses pertinentes s'amenuisent.

Ca rendrait presque... Fou ! 🤪

avatar fte | 

@Kal1988

Merci !

avatar Mac1978 | 

@fte

Parce que, comme la co-sanguinité familiale finit par tuer la famille, voire l’espèce, l’entre-soi dans un secteur économique tue à terme l’innovation, qui par définition, vient d’une rupture, d’une capacité à sortir du cadre et qui est nécessaire à long terme à la survie.

Si l’on prend les GAFAM aujourd’hui, elles achètent de l’innovation via des startups puis elles essaient de l’introduire par touches dans leur business-model.

Ce n’est pas pour rien que chatGPT est né en dehors d’elles… Seuls des fondateurs, comme Jobs pour Apple et bien d’autres dans d’autres domaines, ont la culture de prise de risque nécessaire.

Après vient le temps des administrateurs améliorant la gestion du risque et des ingénieurs qui peaufinent les produits, et qui, tous ensemble, monnaient leurs salaires au plus offrant selon le marché du jour.

avatar Paquito06 | 

@Mac1978

“Ce n’est pas pour rien que chatGPT est né en dehors d’elles… Seuls des fondateurs, comme Jobs pour Apple et bien d’autres dans d’autres domaines, ont la culture de prise de risque nécessaire. “

Pardon mais, bcp prennent des risques. Y a près de 50,000 startups dans la silicon valley. Y a un steve jobs tous les 10, 20 ans peut etre? Faut etre la au bon endroit, au bon moment, bien entouré, avec le bon produit. Ca se joue parfois a rien. Avant l’ipod/iphone du debut des annees 2000, apple n’etait pas grand chose, et pourtant steve jobs etait deja la depuis un moment.

avatar serenity | 

@Paquito06

Oui et il ne faut pas oublier que les GAFAM sont devenus des trous noirs aspirant à tout de bras les startups et l’innovation qu’elles apportent.

avatar Paquito06 | 

@serenity

Y a bcp de cela c’est juste

avatar fte | 

@Mac1978

Merci, je comprends.

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